Voilà un bon moment déjà, que je suis Rebecca et ses aventures au Japon sur Instagram. Un compte qui me fait voyager tout en restant chez moi. C’est tellement dépaysant et intéressant de pouvoir la suivre via ses très belles photos et vidéos relatant ses découverts et leurs habitudes dans le pays du soleil levant.
Je suis donc très heureuse aujourd’hui d’accueillir Rebecca sur ce blog qui nous raconte son expatriation au bout du monde, ce que cela implique, l’adaptation, l’école, une journée type, les visas, la culture, la vie sociale… Bref, j’ai beaucoup appris, je trouve cela toujours très captivant d’en apprendre davantage sur un mode de vie !
Bonne lecture et merci Rebecca pour ton temps !
Sommaire
De qui est composée ta famille ?
Nous sommes un famille nombreuse de 7 dont 5 enfants allant de 18 ans à 4 mois … et notre chat Miaou. Nos deux ainés sont en boarding school en Europe alors que les 3 plus jeunes vivent à Tokyo avec nous. Je suis Rebecca, à la tête de toute cette tribu, j’ai 32 ans, je suis de Lille dans le nord de la France, mais ai vécu plus de 10 ans en Belgique, pays de mon mari.
Je suis autant attachée à la France qu’à la Belgique même si c’est dans ce second que j’ai décidé d’écrire mon histoire familiale (maison, enfants, mariage…). J’ai ouvert mon compte Instagram famille_kawaii pour partager notre aventure en famille au Japon. J’avais également une chaine qui a rapidement plu, mais je ne me sentais pas en accord avec la plateforme et cette façon de partager.
Où viviez-vous avant d’arriver au Japon ?
En Belgique, en pleine campagne dans un corps de ferme !
Est-ce votre première expatriation ?
Tout à fait ! Et quel choc… :)
Quelles sont les démarches pour partir vivre là-bas ? Visa, santé, etc. Trouver un travail.
Pour travailler au Japon il est plus facile de passer par une société qui nous « envoie » là-bas. En effet, il n’est pas simple de démarrer son propre business ici, beaucoup d’obstacles sont mis (en partie volontaire…) et notamment la langue. Il est inconcevable de ne pas maitriser le japonais pour se lancer de façon indépendante ici. En termes de santé, nous sommes bénéficiaire d’une aide de l’état comme tous les Japonais, à savoir que 30% des frais médicaux sont pris en charge. Le reste étant à nos frais. (Ceci est « la base » il existe probablement des complémentaires dont je n’ai pas connaissance, car dans notre cas, c’est l’entreprise qui prend à son compte la marge, non négligeable, restante.
En termes de VISA, il en existe une multitude comme dans tous pays: études, tourisme, travail, programmes culturel, d’échange, etc. Dans notre cas, il s’agit d’un VISA pour 5 ans. C’est le maximum de ce que nous pouvons obtenir ici en tant « qu’expatriés », nombreux sont ceux qui ont 2 ou 3 ans et peuvent étendre ensuite jusqu’à 5 ans. Au-delà de cette période il est possible de rester si le contrat de travail peut être prolongé, mais les taxes (impôts) sont exorbitants et forcent pratiquement les étrangers à quitter le pays… Les impôts à 51% passent alors à 70% en général. Autant vous dire que peu décident de rester sur le sol nippon à ce tarif !
Pourquoi le Japon ? Connaissiez-vous ce pays ?
Nous avions envie de vivre une expérience comme cela depuis longtemps, mais les années sont passées… Un jour nous nous sommes décidés à sauter le pas. Mon mari a cette chance de travailler dans une société qui a des bureaux à travers le monde et donc se faire transférer reste un challenge possible.
Je ne connaissais pas du tout l’Asie, d’ailleurs je n’ai jamais été attiré par ce continent et j’étais novice par rapport au Japon ! Certains rêves de s’expatrier ici et sont « fan » de ce joli pays, alors que pour nous, ça a été un peu par hasard que nous nous sommes parachutés ici ;)
Avant Tokyo plusieurs pays nous ont été proposé comme la Corée ou la Chine, mais nous aurons finalement notre « déclic » lorsque Tokyo est arrivé sur la table.
Comment ont réagi vos familles et amis à l’annonce de votre départ ?
Ils s’en doutaient, car nous étions assez ouverts et transparents. Encore une fois l’envie de quitter la Belgique, l’Europe, n’était pas nouveau. Ils avaient donc connaissance de notre envie d’ailleurs et d’aventure. Nous aurions pu continuer notre vie en Belgique sans jamais la quitter, car nous y étions très bien, mais je craignais de toujours regretter de ne pas être partie… Le jour où ils ont pris conscience que les choses sérieuses commençaient est quand nous avons demandé à nos parents de s’occuper des enfants pendant 1 semaine afin de nous rendre au Japon à un évènement professionnel ayant pour but de nous convaincre de venir y vivre.
Parlez-vous Japonais ?
Les enfants commencent à sacrément bien se débrouiller ! Ils ont 1 h par jour depuis presque 2 ans… Mon mari a eu des cours, mais ils travaillent en anglais et si nécessaire avec des interprètes. Il n’a pas assez de temps pour s’y consacrer vraiment. En toute humilité je suis bien meilleure que lui pour les langues, je sais « lire » les hiraganas et katakana, quelques kanji aussi et je peux à présent faire des phrases simples dans un magasin, pour m’adresser à une caisse ou un taxi-man.
La langue est complexe, je me suis donc arrêtée à ce qui me semblait utile dans mon quotidien, car ici ils parlent très peu l’anglais et il y avait parfois une vraie nécessité pour moi à devoir m’exprimer. En revanche je ne compte pas aller au-delà… je préfère me consacrer à la découverte culturelle du pays (calligraphie, ikebana, poterie, cérémonie du thé, cours de cuisine et autre…).
Avez-vous lié des amitiés avec des Japonais ou restez-vous entre francophones ?
Nous avons la chance d’avoir pas mal d’amis japonais via le travail de mon mari. En revanche je n’ai pas voulu me mêler aux francophones dès le départ… Je n’ai donc pas d’amies françaises ici. Je trouve cela tellement enrichissant et merveilleux de compter parmi nos plus proches connaissances des Indiens, américains, allemand, mexicain, chinois… C’est aussi l’une des raisons pour laquelle nous n’avons jamais voulu scolariser nos enfants au lycée français.
Chacun évidemment fait en fonction de son parcours, de ses enfants et de ses plans pour l’avenir, mais nous trouvions que cette expatriation était une occasion rêvée de les rendre bilingue/trilingue et surtout de les exposer à d’autres cultures, mentalités et origines. Leur classe sont un melting pot du monde et c’est fantastique ! Il en va de même pour notre « réseaux » en tant que parents…
Êtes-vous bien intégrés au niveau de la culture et des traditions ?
Oui ! Nous avons toujours joué le jeu de la culture et des traditions. Nous les célébrons quasiment toutes car il est important d’apprendre un maximum de chose sur la pays dans lequel on vit. Cela permet de s’intégrer et même de s’y attacher… Encore une fois, c’est un bel atout pour les enfants de découvrir de nouveaux rites qui ponctuent leur année. Pour autant nous continuons à célébrer nos fêtes comme la chandeleur, la galette des rois, etc.
Vos enfants sont nés au Japon ? Si oui comment se passe une grossesse et un accouchement dans ce pays ?
Les similitudes avec la Belgique et les choses qui au contraire sont complètement différentes.
Notre petit dernier est né au Japon. Il porte comme deuxième prénom celui de son parrain, japonais et ami de la famille depuis nos premiers pas ici. La grossesse et l’accouchement sont assez similaire de façon globale à ce que j’ai connu en Belgique. Je citerai deux différences majeures qui sont : la péridurale qui n’est faite que sur demande préalable (il faut la réserver pour le jour J) et qui est à nos frais (environ 1000 euros) non remboursée. En effet, rares sont les Japonaises qui décident de la recevoir. Ensuite le temps post-accouchement à la maternité est d’1 semaine, 10 jour en cas de césarienne et j’ai trouvé ça vraiment génial !
Comment se passe l’école au Japon ? Y a-t-il beaucoup de différences avec la Belgique ?
Les écoles japonaises traditionnelles sont assez compétitives dès le plus jeunes âges, un grand nombre de petits japonais finissent l’école vers 15 h mais se rendent dans une deuxième école pour faire des mathématiques ou autres matière complémentaire. Leur emploi du temps est assez rythmé pour de jeunes enfants et les résultats permettent d’accéder à des collèges plus où moins réputées qui déterminent déjà la suite de leur carrière…
Sur le plan organisation je trouve que nous avons beaucoup à leur envier en revanche: les enfants sont très disciplinés (dans le sens respectueux, polis), portent des uniformes, se rendent seuls à l’école, nettoient les classes est toilettes, dans certaines écoles où il y a un repas proposé le midi (souvent ce sont des bentos pris de la maison) il n’est pas rare que ce sont les jeunes classes qui participent à la préparation des repas.
Comment se passe une journée type du matin au soir ?
Pour nous, c’est 5.30 debout ! Nous quittons la maison à 6.40… Le bus est à 7:00 et comme vous le savez au Japon les transports sont ponctuels ! 7:01 le bus est déjà en route il est donc important d’intégrer rapidement ce concept qu’être à l’heure, c’est déjà être en retard ici…
Les enfants terminent l’école à 15.30 et arrivent à l’arrêt de bus vers 16:00 si la circulation est bonne. Ils ont des activités extra scolaire tous les jours ainsi que le weekend. Nous rentrons pour 17:30 et après un passage à la salle de bain, ils jouent et ont leur temps libre. Nous dinons en famille et à 7.30 ils s’endorment.
On mange quoi au Japon ? Pouvez-vous trouver des produits Français/Belges facilement ou mangez-vous local ?
Avant de répondre à ce que nous mangeons je tiens à dire qu’on mange surtout BIEN au Japon. La nourriture est saine, délicieuse, et si on cuisine/consomme japonais c’est peu cher. Nous avons découvert tellement de plats… Quand on dit Japon les gens pensent sushi et ramen et pourtant… c’est très peu représentatif de la cuisine du quotidien japonais ici. D’ailleurs ils mangent assez peu de sushis contrairement à nous, européens, qui en consommons volontiers le samedi soir devant un film…
J’ai pris beaucoup de cours de cuisine et je compte poursuivre, je suis très curieuse de leur façon de consommer, car je trouve qu’elle est bonne pour le corps et l’esprit. On trouve de tout à Tokyo (où presque !) mais il faudra compter 18 euros pour un camembert et jusqu’à 8 euros pour un paquet de biscuit « Lu » par exemple.
Quels sont les inconvénients/vos difficultés en arrivant au Japon et encore maintenant ?
Comme mentionné la communication est vraiment un bémol car ils ne maitrisent pas souvent l’anglais ou très mal…
Le fait de devoir faire des courses pour les produits frais tous les 2 jours, on remplie sont petit panier, on cuisine et le lendemain on recommence. La taille des logements et la mobilité des japonais fait qu’ils font leur course de façon quasiment quotidienne. Par exemple la bouteille de lait se vend à l’unité.. Il ne faut pas aussi oublier que tout se fait à pied ou vélo dans 90% des cas et donc nous sommes aussi limité par la quantité à transporter. Il existe bien des sites online ou amazon fresh mais personnellement j’ai pris mon rythme comme cela et je préfère de loin choisir mes produits. Je me fait uniquement livrer les produits lourds comme la lessive, la litière du chat etc.
Est-ce que la pandémie à changer votre vision du Japon et de votre vie là-bas (en bien ou pas, la façon dont la crise est gérée là-bas…) ?
Oui. Nous avons d’abord été assez choqués quand le gouvernement a décidé que les nationaux pouvaient entrer et sortir du pays (avec test et quarantaine) alors que les étrangers ne se voyaient plus le droit d’entrée s’ils quittaient le territoire japonais. C’était une période difficile qui a mis beaucoup d’expatrié mal à l’aise, cette mesure à double niveau donner vraiment le ton sur la façon des Japonais de percevoir « les autres ».
Malgré tout, nous n’avons jamais eu de confinement strict, à l’heure ou les usa et l’Europe souffraient et encore aujourd’hui où tout est en pause ou presque nous avons toujours continué à vivre de façon « normale ». Bien sur il y a les distances et le port du masque, mais les restaurants, musées, cinéma, écoles, activités sportives sont restées ouvertes.
Le pays était quelque peu ralenti, mais clairement rien de comparable aux pays d’occident. Nous avons vraiment une chance inouïe de nous trouver au Japon ces années de pandémie, l’impact y est clairement le plus léger possible. Le gouvernement prend des mesures mais finalement il a très peu de pouvoir sur la façon dont les restaurateurs, transports etc fonctionnent… pour faire simple il ne peut pas annoncer une fermeture stricte… Mais plutôt il « invite » les restaurateurs à prendre mesures, il ne gèle pas les transports mais « suggère » de les utiliser le moins possible, etc. Enfin, la façon dont le peuple japonais a su inverser la courbe donne à réfléchir et inspire tout mon respect. Ils semblent qu’ici, malgré le défaut de règles et de sanctions, l’intérêt collectif suffit à ce que chacun ajuste son comportement.
Avez-vous pu voyager dans le pays ? Quels sont vos coups de cœur ?
Nous avons voyagé pas mal déjà, mais nous continuerons à le faire tant que nous serons ici, le Japon est un trésor du nord au sud et même si comme moi vous n’y connaissez pas grand-chose, c’est un voyage à faire une fois dans sa vie.
Nos coups de cœur vont pour Hakuba en termes de ski, la région des 5 lacs pour une ambiance lac et forêt, Kyoto pour la partie ancienne de la ville qui est un vrai bond dans le passé.
Okinawa pour ses belles plages également. Kamakura pour déconnecter de Tokyo une journée… Nikko, Fukushima… En fait il y a tellement de bels endroits … Dur de choisir, car les paysages vont des lacs gelés à au sable blanc !
Un conseil pour une famille qui souhaite s’installer au Japon ?
Choisir le logement en fonction de l’école où vous souhaitez mettre vos enfants ! Tokyo est tentaculaire…
Dès votre arrivée, suivre un stage de survie pour les tremblements de terre, tsunami et typhons qui touchent le pays tous les ans..
Investir dans un vélo électrique, meilleur moyen de se déplacer ici, notamment les « mamachari » des mamans japonaises qui sont fantastiques.
Prendre vos meubles si vous souhaitez reconstituer un environnement occidental « à la maison » les marques d’occident sont forcément très chères (importation, taxe…) et pour le reste, il s’agit de mobilier très « asiatique » (qui plaisent… Ou non!) et du bon vieux Ikea.
Retrouvez tous les autres interviews d’expat sur le blog !
12 commentaires
whaou
voyager au Japon est mon rêve, j’ai des étoiles plein les yeux
ce récit est passionnant et bravo d’avoir su s’adapter au pays et a la population locale !
Mille mercis pour cette interview qui m’a fait voyage vers ce pays qui me fait rêver depuis longtemps !
Quelle aventure incroyable !! Ce doit vraiment être dépaysant
oh super interessant de découvrir la vie d’expatrié
Merci pour cet interview très intéressante ! Je suis allée passer un mois au Japon… il y a vingt ans et cela m’a fait très plaisir de voir ces photos.
génial!
J’adore suivre la vie de Rebecca et sa famille kawaii, mais je ne trouve plus son compte Instagram depuis quelques jours et son site Cozy nest n’existe plus non plus, c’est dommage.
Ho mince en effet je viens de voir ça :(
Bonjour, pouvez-vous nous donner des nouvelles de Rebecca svp ?
Bonjour, je n’en ai pas, désolée !
Sur son compte Instagram :)
Moi aussi je la suivais sur Insta et je ne la trouve plus non plus… j’espère que tout va bien pour cette famille là bas à Tokyo. Elle m’avait donné de très bons conseils pour notre voyage au Japon à l’automne 2019, malheureusement annulé à la dernière minute à cause d’un typhon…. avez-vous encore des contacts ces derniers temps avec Rebecca?