Enfant, je passais mon temps à m’occuper des plus petits. J’avais une passion pour les bébés. En club de vacances avec ma grand mère, au lieu d’aller jouer avec les enfants de mon age, j’allai aider les nourrices dans les crèches. Ma petite soeur est née quand j’avais 11 ans, pour ma plus grande joie. Je m’en suis bien évidemment énormément occupée. J’étais sa petite maman. C’était mon tout.
20 ans, tout naturellement je suis partie au pair, en Angleterre pour m’occuper d’une famille de 4 enfants, tout naturellement au bout de quelques mois, pendant mes temps libres je me suis occupée de deux autres bébés. je n’arretais plus, de 7h à 20h je passais mon temps dans cet univers qui m’était si cher, celle de la petite enfance. C’est aussi tout naturellement qu’au bout de plus d’un an, j’ai décidé de rester en Angleterre pour m’occuper de jumeaux, à temps complet, de 8h à 19h, du lever au coucher, j’étais la maman de substitution, celle qui les emmenait chez le docteur, leur achetait des vêtements, était là pour eux à tout moment. les quitter a été une des choses les plus dures que j’ai pu vivre. Un déchirement. Je quittais mes bébés. j’ai eu du mal à m’en remettre car on s’attache tellement vite. Mais ainsi va la vie, je devais partir, ils ont grandit, mon oublié. Moi pas…
Je m’étais promise de ne plus m’occuper d’enfants, mais cela me manquait trop, les serrer contre moi, les cajoler, cette présence si naive et spontanée, cet amour si intense et pur qu’un enfant peu nous apporter. Et j’ai donc continué dans un autre pays pour m’occuper de deux bébés. Et puis ça c’est terminé, et j’ai beaucoup pleuré et cette fois çi, j’ai décidé que la prochaine fois que je m’occuperais d’un enfant, ce serai le mien.
Pour moi c’était inné, j’étais persuadée que le jour ou j’aurai mon bébé, les choses seraient simples. J’ai reussi à m’occuper des enfants des autres avec tellement de facilité que m’occuper du mien en serait de même, voir beaucoup plus facile. J’ai mis la barre très haute, je ne me suis pas préparée, j’ai foncé tête baissée, j’allais être une merveilleuse maman, pleine de patience, de ressources et d’expérience. j’en était persuadée..
Et puis mon bébé est né, et puis les premiers pleurs, les premiers doutes, les premières incompréhensions sont arrivées. Je n’ai pas compris pourquoi je pleurais si souvent face à cette petite chose, ma petite chose, qui pleurait ou ne voulait pas dormir alors que j’étais là, la maman parfaite, qui avait tant d’expériences, qui se sentait si parfaite. Et j’ai craqué, plus d’une fois. Plusieurs fois j’ai prononcé ces mots, » je suis une mère pourrie, je ne sais pas faire, je ne comprends pas »…Bien sûr en tant que nourrice, j’avais un fil conducteur, je me basais avant tout sur les repères d’éducation que les parents avaient instauré. Dans cette aventure avec mon fils, j’étais et je suis encore la seule à piloter, et parfois je vais droit dans le mur.
Je suis loin d’être une mauvaise mère ça va sans dire, je l’aime plus que tout ce petit bébé, il est un pilier dans ma vie, je me nourris de ses sourires et de son odeur, un rire de lui et tous mes doutes s’envolent pour revenir en bloque au premier son de ses pleurs, malheureusement.
Je n’ai sans doute pas encore assez de recul, on s’apprivoise à peine, je ne me suis pas sentie mère enceinte ou à sa naissance, il m’a fallu du temps pour réaliser que cette petite chose était mienne, pour l’appeler mon fils, pour me considerer maman. Maintenant, plus que jamais, je me sens prête, prête à affronter ces phases de refus, de colère, de négation, prête à comprendre que non, un enfant ne fait pas que gazouiller, sourire et rire. Il est comme nous, il y a des jours où ça va, d’autres non, où il a besoin de s’exprimer, de pleurer et de râler. J’ai compris que j’étais la pour gérer ses colères, ces moments ou il ne va pas bien, autant que les moments ou tout va bien. Qu’il fallait que j’arrête de m’en vouloir, de me dire que je fais mal, quand mon petit, mon fils, n’ai pas que de joie et sourire. Mais c’est dur, mais je fais du mieux que je peux, du moins je l’espère.
Être maman, c’est sans doute la plus dure chose qu’il m’ait été donné de faire. c’est une remise en question quotidienne, se sont des doutes, des interrogations, des pleurs mais aussi tellement de moments de joie qui viennent effacer tout ça.
11 commentaires
Quel parcours ! Un bel article pour rappeler qu’on apprend chaque jour à être mère ;-)
oh oui, chaque jour un peu plus !!
J’ai aussi connu le déchirement quand j’étais nounou pour financer mes études, ça me faisait toujours mal au coeur aussi quand je réalisais que les enfants passaient directement à autre chose!
Par contre j’ai toujours eu beaucoup plus de doutes avec les enfants des autres, avec la Poupette ça coule de source!
oui c’est vrai, c’est different ! je me sens beaucoup plus libre avec mon enfant mais il y a tout autour, le manque de temps et d’organisation qui rendent parfois les choses plus compliquées !!
Tu as décrit tout çe que je ressens wouahou , sauf que moi je n ai pas d enfants mais que j ai décidé d arrêter aussi de m occuper des enfants des autres , c est très dur d être sépare d un être auquel on étais extrêment attaches , comme si c était le notre vu qu on joue littéralement le rôle de la mère lorsqu’on est au pair … Je me dit même parfois est çe que j aimerais autant les miens..
En tout les cas merci pour cet article .
tu aimeras les tiens encore plus ! c’est indescriptible comme amour, ne t’inquiète pas pour ça :)
Bel article, toujours un plaisir de te lire.
Monsieur qui passait par la a dit « mais c est bien ecrit »
merci :) j’ai l’impression de faire des pavés ennuyeux parfois ! ça me rassure ! contente que tu prennes toujours autant de plaisir à me lire :)))
Très beau billet <3
N'oublies jamais que tu es une mère parfaite du simple fait que tu aimes ton fils de tout ton cœur (et aucun doute là dessus).
Oh la la j’en ai presque les larmes aux yeux! Je viens de vivre une journée trés difficile avec mon fils de 4 mois et demi, il était bouguon toute la journée et moi incapable de comprendre ce qu’il a, c’est trop frustrant et dur pour moi qui (je l’admet) veux toujours tout gérer… Bref. Pas facile d’être maman!
Il est beau ton billet…. Plus jeune, je me suis aussi beaucoup occupé d’enfants, je les adoraient et ils me le rendaient bien. Du coup tu te dis que tu pars avec de bonnes bases pour les tiens! Mais forcément ce n’est pas pareil ça serait trop facile!
Je pense que le fait même de se questionner, se remettre en question sur sa façon d’être une maman fait les bonnes mamans! Tu sais les gens sûrs d’eux qui ne se remettent pas en question, qui sont sûr d’être dans le vrai tout le temps et qui pense ne jamais faire d’erreurs se trompent! Personne n’est parfait et les mamans parfaites ça n’existe pas regarde Bree Van De Kamp avec ses grands airs elle cache des tas de failles!! (oh les références quoi!)
Plus sérieusement les mamans parfaites ça n’existe pas mais aux yeux de ton fils tu l’es car tu l’entoures de tout ton amour, tu le protèges, son bonheur est tout pour toi et en cela tu es la meilleure des mamans.