À vrai dire, je ne me suis jamais posée la question à savoir si je voulais donner le sein ou le biberon à mon bébé. L’allaitement a toujours été une évidence. Je suis tombée enceinte et je ne me suis jamais posée la question. J’ai suivi comme la plupart d’entre vous les cours de préparation à l’accouchement. Forcement dans les thèmes abordés, nous avons parlé de la façon de nourrir son enfant.. Mais pas une seule seconde le biberon n’a été évoqué. C’était l’allaitement point final. Si tu voulais avoir des informations sur le biberon, ce n’était pas ici qu’il fallait poser les questions. J’ai trouvé cela un peu bizarre et choquant. C’est donc une honte ou mal vu de donner le biberon ? Bref nous avons donc vu les nombreux avantages de l’allaitement, et pas les inconvénients, que j’ai pu découvrir par moi même en temps voulu ! Avant l’arrivée de bébé, j’ai donc acheté des téterelles, de la crème apaisante pour les crevasses, des compresses à mettre dans les soutifs, des soutiens gorges d’allaitement, des hauts larges et des hauts boutonnés devant… J’étais prête. Enfin je le croyais !
Bébé est né, et tout de suite, il a été mis au sein, et tout de suite il n’a pas réussi. La première nuit, il ne s’est pas reveillé. N’a pas réclamé à manger. La première journée pareil et malheureusement personne n’avait l’air de s’en soucier… En fin de premiere journée une puéricultrice m’a dit qu’il fallait que j’essaye plus. Mais bébé n’y arrivait pas. Et moi je ne comprenait rien. J’ étais persuadée que cela se faisait naturellement, j’étais persuadée que je savais, que j’étais prête… En fin de journée une autre puericultrice m’a dit d’utiliser mon téterelle et que je devais le réveiller dans la nuit pour le nourrir J’ai donc réveillé mon ange paisiblement endormi . J’ai mis mon téterelle. et je l’ai mis au sein bébé a commencé a téter. j’ai été soulagée. Jusqu’au moment où j’ai vu du sang sur le coté de sa bouche. Une vision d’horreur. J’ai eu si peur… J’avais bien ressenti une douleur. Mais bébé tétait enfin. Tant pis pour la douleur. J’ai finalement écarté mon nourrisson J’avais le téton en sang… Et là’, j’ai craqué pour la première fois. J’étais inconsolable. J’étais seule dans la nuit. Les couloirs vides. Mon bébé dans les bras… J’ai finalement appelé une puericultrice. Elle a eu du mal à me comprendre. Entre mes sanglots et mon espagnol pas vraiment top, j’ai réussit à lui faire comprendre que la situation ne pouvais plus durer. Ce n’était pas possible. Pas dans ces conditions. L’allaitement n’est pas censé être une chose naturelle ? Pourquoi je n’y arrivais pas. Je me suis sentie incapable, malheureuse, impuissante. Je n’arrivais pas à nourrir mon enfant. La dame n’a pas beaucoup parlé. Elle a soulevé bébé en haut de mon sein et m’a dit qu’il glisserait tout seul vers mon téton. Il l’a fait. Il a tété. Sans téterelle, pendant de longues minutes. Peut être des heures. Je ne m’en souviens plus. J’étais si triste et fatiguée. La puericultrice est revenue quelque temps après. Mais j’étais trop fatiguée pour répondre à ses questions. Elle a compris. Elle est partie.
Le lendemain, une puericultrice géniale m’a beaucoup aidé. M’a rassuré. M’a montré comment faire et j’ai enfin commencé à apprécié l’allaitement. Je pouvais enfin nourrir mon enfant et je n’ai plus jamais eu mal.
Puis les choses se sont compliquéés. Les nuits étaient bien courtes. Bébé réclamait énormément. Les tétées duraient en moyenne 30min. Au maximum 1h. J’était lessivée, mais j’adorai allaiter. Se partage, cette sensation, nos regards, ce moment entre nous si unique. Cette chose dont j’étais la seule à pouvoir faire. Egoistement certe.
Bébé continuait à téter énormément, il continuait à vouloir dormir que sur mon torse. Nuit comme jour. Je suis tombée malade. Des pointes de fièvres allant jusqu’à 40. Des douleurs horribles au sein… Je n’ai pas bien compris ce qui m’arrivait. ( Car rappelez vous, au cours de préparation nous n’avons vu que l’aspect positif de l’allaitement…) Je suis finalement allée voir le docteur qui m’a dit que j’avais une mastite Le problème c’est que j’étais si faible et que j’avais si mal que le papa a decidé d’aller chercher une boite de lait et un biberon. Qu’est ce que j’ai pu pleurer… La fin du monde pour moi ! C’était la fin de mon allaitement. Au bout d’à peine 2 mois. Bébé a pris le biberon sans peine. J’étais très triste mais je n’avais pas la force cette nuit la de devoir me lever pour le nourrir…
Et puis j’ai guéri et puis bébé a continué à prendre des biberons. Bien sur je n’ai pas arrêté d’allaiter du jour au lendemain. On a commencé à mixer. 2 biberons puis 3. Les tétées duraient encore plus longtemps qu’avant. J’avais l’impression que bébé sentait que c’était bientôt la fin de cette aventure entre lui et moi. Chaque tétée était unique en se disant que c’était peut être la dernière.
Aujourd’hui bébé à un peu plus de 5 mois. Il prend 4 biberons par jour. A commencé les purées et les compotes.
Mais notre allaitement a continué. Une à deux fois par jour. Pour un petit moment de complicité, un petit moment rien qu’à nous.
Je sais que si j’ai un deuxième enfant je voudrais l’allaiter. C’est comme ça. C’est dur mais j’aime tellement ça. Son souffle sur ma peau. Ses petites lèvres qui tremblent. Son air si apaisé. Je ne sais pas. C’est comme ça. Mais ce qui est sur c’est que la prochaine fois je saurai que ce n’est pas si simple que l’on peut le penser.
J’en veux à la sage femme lors des cours de préparation à l’accouchement de ne pas avoir parlé aussi des inconvénients de l’allaitement. De ne pas avoir parlé du biberon en nous laissant penser que l’allaitement était la seule chose bien pour l’enfant. Je ne comprend pas pourquoi cela est mal vu de donner le biberon. Du moins c’est ce que j’ai ressenti. Chaque femme est libre de nourrir son enfant comme elle le désire; Elle ne devrait pas être jugée. Il n’y a rien de mal à vouloir donner le biberon. On ne commet pas un crime. Loin de là. On nourrit son enfant d’une autre façon, qui a aussi ses avantages et ses inconvénients. Cela n’empêche pas d’aimer son enfant et de lui apporter tout ce dont il a besoin.
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7 commentaires
Un bel article, vraiment percutant et rare.Durant la semaine mondiale de l’allaitement, j’ai rencontré plusieurs mamans, or toutes étaient heureuses et le vivaient très bien. Il est vraiment étonnant et non professionnel que la sage-femme ait idéalisé l’allaitement.
oui c’est vrai. Mais c’est peut être car je suis en Espagne, les choses sont vues différemment. enfin je ne sais pas. A chaque fois que je rencontre une personne la question de savoir si j’allaite ou je donne le biberon ne se pose pas vu qu’elle parait evidente !!! c’est genant !
Je dois toujours écrire mon article à ce sujet, qui ressemblerait un peu au tiens dans le sens ou on se sait pas que ça peut être si dur! Internet m’a beaucoup aidé à ce sujet …
J’ai juste eu la chance de ne pas connaître de grosses complications!
Hâte de lire ton article :) oui la mastite a un peu tout foutu en l’air. j’ai l’impression d’avoir rater mon allaitement et de n’avoir pas du tout été soutenu.. la prochaine fois je saurai :)
Le principal est que l’enfant mange a sa faim non ? Bravo d’avoir suivi ton envie
Ouais, le principal c’est que maman et bébé soient heureux !!!
Je me reconnais beaucoup dans ton récit : L’incapacité à donner le sein le premier jour (pourtant j’avais été bien préparée en revanche). Et j’ai eu un engorgement que j’ai pu estomper par moi-même comme j’ai tout de suite reconnu les symptômes. Aujourd’hui cela fait 13 mois que je l’allaite, mais ce n’était pas gagné, il est important d’être bien entourée et conseillée pour réussir son allaitement. Mais après, c’est sur que l’allaitement c’est bien, mais je comprends aussi les mamans qui choisissent le biberon, le mieux est d’être à l’aise.